Amen0thes

Un geek ne vieillit pas, il level up ! PNJ des internets depuis 1985

Seul, si seul…

La magie qu’usa sire Kenthan , ce soir là, aurait demandé une force que même un être en pleine santé aurait eu du mal à fournir.
Lui, blessé, infecté, affaiblit, tremblant et transpirant, avait su transcender son état physique.

Bien que Dame Eileen , les paladins présents et moi-même concentraions notre magie sur sire Kenthan pour le renforcer, il déployait, ce soir là, une puissance magique incroyablement puissante. Un haut fait qui ne manqua pas de m’impressionner, et qui triomphait d’un combat pour lequel tous avions fait preuve toutes nos belles et grandes compétences, et démontré surtout notre unité.

S’effondrant de fatigue, suite à son acte, nous prenions sire Kenthan en charge, pour le ramener au sous bassement du fortin.

Et alors que je discutais avec Dame Eileen, la pierre enflammée qui illuminait la tête de sire Kenthan cessait de bruler, tombant au sol.
Sire Kenthan était toujours des nôtres, mais il était si épuisé que sa magie ne le portait plus.

Dame Eileen se rendant auprès des autres compagnons de l’Ordre, je prenais la pierre dans mes mains, et, usant d’une ficelle qui se trouvait sur une paillasse du laboratoire que nous avions installé, enserrais délicatement la pierre avec la ficelle, pour la passer autour de mon cou.
Je sais la valeur qu’elle porte, et, le temps que sire Kenthan puisse reprendre des forces, je veillais sur son héritage.

Voyant Dame Eileen revenir, je profitais de cet instant pour aller à l’entrée du fortin. Il régnait un calme qui me rassurais. Tant d’efforts passés, et une première victoire qui ravivait en moi un espoir qui s’était tant amenuisé.
En redescendant dans le fortin, je voyais Dame Eileen qui s’était assoupie.
M’installant non loin, je tendais alors mon bras en sa direction. Une lueur douce et chaleureuse vint entourer la prêtresse, qui donnait tant d’énergie pour ses compagnons. J’espérais ainsi que, bercée par la Lumière, elle trouvait confort et réconfort dans son sommeil.

Remerciant la Lumière de m’être revenue pour veiller sur les gens que j’aime, et priant Elune de me donner la force d’avancer, je tournais alors mon regard vers sire Kenthan, et m’endormait également, rassuré de savoir que mes compagnons étaient tous hors de danger pour cette nuit.

La journée fut de nouveau ponctuée de recherches et d’analyses, mais, reposés et plus sereins, nous parvenions, Dame Eileen et moi, à obtenir des résultats très prometteurs.

Nous fumes rejoints par le Clerc Alphus, qui rapporta la retranscription d’un livre détenu par la Croisade d’Argent. Il contenait les différentes pestes crées par le Fléau, étudiées et rassemblées dans un recueil, par un apothicaire.
Nous avions enfin de quoi guérir sire Kenthan !

Nous nous mettions immédiatement au travail.

Mais alors que les choses semblaient aller dans le bon sens, je m’enfonçait, petit à petit, et ce depuis la mort de Cemra, dans une profonde, très profonde souffrance indiscible.

Je gardais cela pour moi, afin de ne pas ajouter de difficultés à Dame Eileen, qui déploie tant d’effort, et à sire Kenthan, qui lutte, chaque instant pour vivre, et encore moins aux autres Compagnons de l’Ordre, que je ne voyais que peu, étant tout le temps dans le laboratoire.

Mais je me trouve sur une pente glissante, il me faut tant d’efforts pour la remonter. M’occuper l’esprit me permet de penser à autre chose. Ne voulant en parler à personne, je garde cela pour moi, et par conséquent, je me sens seul, si terriblement seul.

Chaque silence est une épreuve contre laquelle je lutte. Je n’arrive plus à m’endormir, car je ne supporte plus ces silences, et quand bien même je tombe de fatigue, je revois toutes ces horreurs dont j’ai été témoin ces derniers jours.

La mort de Cemra, assassiné devant mes yeux, est une plaie béante en moi, qui me serre le coeur, un peu plus, à chaque instant, et je ne peux en parler à personne, par peur, par honte. J’ai honte de moi. J’ai honte de ne pas être à la hauteur, devant mes compagnons, pour leur dire. J’ai honte d’avoir ces sentiments, que je ne connaissais et que je découvre. J’ai honte de ne pas honorer sa mémoire, j’ai honte pour ce que je ne fais pas, pour lui. J’ai honte, trois fois.

La blessure de sire Kenthan et une souffrance, à chaque seconde que je le regarde, le voyant lutter pour sa vie, et moi, ne trouvant pas immédiatement un moyen de soulager sa douleur. Je ne peux que le voir tremblant et transpirant, lui dire que ça va s’arranger, alors que je n’en sais rien.

Le déshonneur dont je me sens affligé, pour que les événements ne me permettent plus d’être adoubé. Je m’en estime responsable, je n’ai pas été à la hauteur de ce qu’on attendait de moi, en voici ma punition. Je n’ose même plus regarder mon Seigneur dans les yeux, tant j’ai honte de ce déshonneur. (modifié)
[04:27]
Ces souffrances sont comme des pics, qui me lacèrent, à tout moment, qui me percent en plein coeur, qui déchirent mon corps et mon âme.

Voyant le Chevalier Percifal me rendre visite au laboratoire ce soir, je trouvait ma bouffée d’air, un visage qui me rassurait, une personne qui me comprenait.

Mais son regard dur n’apportait pas le soulagement qu’il m’apportait habituellement.
Notre échange fut bref et difficile, la personne que je considère comme mon père spirituel partait, fâché contre moi, déçu.

Il est uns des pilliers de ma vie. Ce soir, j’ai chuté, je ne peux m’y rattraper, seul, parce que lui aussi, je l’ai déçu, parce que je ne le mérite pas.

Ces épreuves ces derniers jours m’emportent sur une piste glissante, je viens de perdre pied ce soir, après avoir commis ces erreurs aux yeux de mon mentor, que j’adule. A présent, plus rien ne me retiens.
Je tombe, inexorablement, dans une tristesse et une souffrance qui affecte mes forces vitales, que je n’arrive plus à redonner.

Chaque force vitale que je donne à sire Kenthan est une partie de moi, qui me quitte.

Et cette faiblesse d’esprit est, je le sais, indigne d’un Chevalier, indigne même d’un écuyer.

Portant ce masque devant tous, laissant apparaître que je surmonte mes épreuves, et leur cachant ma ruine, je ne suis, en fait, rien d’autre que ma propre perte.