Amen0thes

Un geek ne vieillit pas, il level up ! PNJ des internets depuis 1985

L’attente…

Sire Galend portait encore les ecchymoses et les douleurs de sa chute, lors de son dernier voyage à dos de griffon.
Des archers du Fléau avaient lancé leurs flèches sur lui. Bien qu’il parvenait à se poser du mieux possible, le choc lorsqu’il arriva au sol lui avait presque démis l’épaule.

Je m’approchais de lui, avec bienveillance, pour le soigner. Sire Galend n’est pas quelqu’un qui dévoile aisément ses émotions, ni sa douleur.

Il souffre, silencieusement. Je ne veux pas bousculer cette pudeur, comme pour Dame Eileen.
Je le regardait simplement, souriant, pour lui apporter un peu de réconfort, de chaleur humaine.

Il retirait ses épaulières, et les sous couches rembourrées de son armure, pour que je vois l’étendue de ses blessures.

L’ecchymose était étendue, avec des nuances de bleu, de jaune. Elle partait de son épaule gauche, et s’étendait du pectoral jusqu’au coude.
Posant mes mains, légèrement au dessus de sa peau, je voyait ma lumière briller, naissante, de mes paumes. Je me laissait envahir par la bienveillance, par le sacré chaleureux, que je lui transmettais.

L’ecchymose se résorbait, petit à petit. Sa peau brillait d’un halo jaune, guérissant un peu plus, à chaque instant.

Une fois terminé, il ne restait qu’un petit bleu, et l’épaule de sire Galend avait retrouvé sa mobilité.

Il se revêtait, lorsque le Seigneur Ethann nous vint à nous. Je le trouvais étonnamment… vieillit. Il faisait à présent presque deux fois son âge. Il y a, à mon sens, quelque chose qu’il ne nous a pas dit. Une magie qui le vieillit ?
Mais pourquoi ?
Un fait que je compte élucider rapidement. Cela m’inquiète. Il a chassé mes questions naissantes d’un revers de la main. Je n’ai pas insité, mais j’y reviendrais.

Deux griffons firent leur apparition dans le ciel. Dame Eileen et le Protecteur Cyrno revenaient de leur voyage.
Nous partions, tous les trois, à la hâte auprès de sire Kenthan, pour commencer le remède.
Je le retrouvais inconscient, assis sur une chaise. Il avait tenté de nous écrire quelque chose, mais n’en avait pas eu le temps.

« J’ai essayé, Je crois en vous »

Les heures sont à présent comptées. Dame Eileen m’apparait affectée à leur lecture.
Je ne me laisse pas le temps de digérer ces mots, nous nous regardons, Dame Eileen et moi. Nous nous comprenons.

Nous allongeons confortablement sire Kenthan, et nous mettons au travail.

Sire Galend, qui est venu proposer son aide, est mis à contribution immédiatement.
Pendant qu’il réduit les fleurs en poussière dans un mortier, Dame Eileen travaille la saronite. Pour ma part, je raffine la poudre arcanique.

Une telle ambiance studieuse règne dans la piece que les premiers instants, nous restons silencieux.
Puis les mots viennent, nous parlons de nos passés respectifs, nous sourions, même, des aventures de chacun.
La situation est si critique, que nous avons besoin de parler, pour en réduire le poids qui pèse sur nous.

Les manipulations de chacun demandent précision et doigté, et sire Galend s’en sort admirablement bien, pour quelqu’un qui n’a jamais travaillé sur cette préparation.
Et même si nous n’y avions jamais travaillé non plus, Dame Eileen et moi, les gestes techniques et nos expériences dans nos domaines respectifs, à savoir l’Alchimie pour Dame Eileen, et l’Enchantement pour ma part, nous permettent d’aborder sereinement nos actions.

Dame Eileen réalise une pâte assez épaisse avec la saronite, qu’elle adoucit avec l’eau bénite.
L’aspect hautement instable de cette préparation l’oblige à la plus grande prudence.

Mettant la pâte à mijoter, nous lui remettons les ingrédients que sire Galend et moi avons préparé, et qu’elle ajoute, avec une grande patience.
Une fois les ingrédients ajoutés, la préparation chauffe, doucement. Y est ajoutée une saveur que sire Kenthan avait demandé, à savoir du jus de baie lunaire, afin d’en adoucir le gout. Bien qu’il ne soit pas en mesure d’apprécier ce geste, il portait un sens pour nous trois, affairés à réaliser son antidote.

Enfin, la préparation était terminée. Ignorant si elle serait efficace, si nous l’avions correctement préparée, nous devions immédiatement l’administrer à Kenthan.

Accroches toi, mon ami. Lui disais je, alors que nous étions auprès de lui.

Dame Eileen lui tenait la tête, sire Galend lui tenait les jambes, et je versais doucement la préparation, dans un bol, que je portait à ses lèvres.

Je ne pouvais m’enlever de l’esprit qu’à cet instant, nous allions le sauver, ou le tuer. Cette responsabilité, qui nous incombait, à tous les trois, liée à l’impatience, donnait une ambiance particulièrement solennelle à notre action.

Une fois terminé, nous laissions sire Galend prendre un peu de repos, pendant que Dame Eileen et moi, veillions sur Kenthan.

Le lendemain, alors que je le lavais, je constatais que les saignements de sire Kenthan semblaient s’être arrêté. Rien n’étais pour autant gagné, mais ces premiers signes étaient encourageants.
Il restait inconscient, et, profitant de la ronde habituelle de Dame Eileen, pour prendre des nouvelles des autres compagnons de l’Ordre, j’en profitais pour parler à cœur ouvert à Kenthan.

Parler, sans détour, sans changer les mots, sans fard, me confier dans toute ma complexité.
Il ne réagissait pas, naturellement. Et peut être que cela m’a aidé à me livrer à cet ami, qui ne m’entendais probablement pas.

Il m’avait fait part de son amour de la musique.
Je décidais donc de remonter dans la tour des Mages, récupérer ma lyre, que je n’avais plus sortit depuis bien des années, mais que je gardais précieusement.

La Lumière qui m’est revenue demande parfois à user de chants divins. Peut être qu’elle m’aiderait à jouer également de nouveau de cet instrument, qu’elle s’en trouverait renforcée, ou bien que moi, je m’en trouverais meilleur musicien.

Assis à coté de cet ami, j’accordais ma lyre, et commençais à pincer, tordre ses cordes, et laissait ma voix accompagner l’instrument…