Amen0thes

Un geek ne vieillit pas, il level up ! PNJ des internets depuis 1985

La vie à Atreval

Je n’avais pas totalement pris conscience que je n’étais plus écuyer.

Mes pensées allaient vers mon mentor de toujours, le Protecteur Percifal. Il ne souffrait d’aucune blessure, du moins, pas de celles que l’on voit. Je ne pouvais m’empêcher de penser à sa mère, quand il me parlait.
Lorsque je l’avais rencontrée, elle m’était apparue durement affaiblie. Je n’étais venu que pour lui apporter du réconfort et un peu de bien être, mais je craignais que cette visite ne soit en réalité qu’un triste adieu. Je chassais cette idée de mes pensées, préférant veiller à honorer la promesse qu’elle m’avait demandé, allongée dans son lit.

Chaque jour, je continuais de travailler pour l’Ordre, avec le même plaisir qu’auparavant, le même entrain, les mêmes idéaux.
Quelque chose de léger et doux m’entourait pourtant. Était ce son parfum ? Était ce de voir son regard au réveil, l’avoir, serré contre mon coeur qui battait la chamade, et m’endormir dans son souffle ?

Oui, assurément.

Et pourtant, nous nous devions de garder ce secret pour nous. Je n’ignorais pas que ce secret finirait par être un poids, et qu’un jour, il serait découvert. Mais pour l’heure, nous étions deux enfants, innocents, qui se cachaient, comme s’ils avaient fait une bêtise.

Pourtant, rapidement, les mots changeaient. Sire Rewan devenait Rewan et s’accompagnait d’un sourire que je ne pouvait laisser sans réponse, puis mon nom disparaissait de son vocabulaire, au profit d’autres mot, plus doux, plus intimes.
Son nom disparaissait également de mes lèvres, pour ces mêmes mots, ou bien pour de nouveau gouter aux siennes.

Il n’y avait plus de « je » dans les projets. Les mots se conjuguaient, au pluriel, se mélangeaient. Voila que les choses s’envisageaient à deux.
Un secret gardé, mais qui était parfois trahi par des regards, des sourires, et ma fâcheuse tendance à lui jeter quelques rayons de lumière quand je l’apercevait.

Je tombais, mieux, je me jetais à cœur perdu dans ce tourbillon dont on ne veut jamais sortir.

Apprenant par mon mentor, le Protecteur Percifal, que j’étais désormais son assistant diplomate, je prenais très au sérieux cet honneur qu’il me faisait. Plusieurs voyages à Comté du Nord me permettaient d’apprendre de toutes les missives qui étaient désormais à ma portée.
J’en profitait pour ranger et tenir un registre de tous les parchemins que je trouvais, et réfléchissais à un moyen pour les classer au mieux, afin de rapidement retrouver nos archives.

De retour à Atreval, sa journée n’était pas non plus de tout repos. Il fallait beaucoup de courage pour accepter, après toutes ces années, de reprendre le chemin de l’apprentissage. Mais sa professeure et mentor était des plus douces et compétentes.
Il m’arrivait parfois, de les regarder au loin, travailler ensemble. Nous avions vécu des épreuves si fortes, tous les trois.
Pour ma part, je veillais à rester le même. Mon titre avait changé, et la responsabilité que je m’étais appliqué à suivre, de veiller sur mes compagnons, m’incombaient désormais, de fait.

Je me sentais plus légitime à cela, ce qui était et avait toujours été pour moi quelque chose de parfaitement naturel.
Il me plaisais de les voir, même au loin, affairés à leurs tâches et leurs occupations. Les savoir bien portants, présents, vivants.

Sire Altred, volant dans les airs avec une facilité qui me déconcertait à chaque fois, Dame Chibi, cette mage délurée et totalement libre, Sire Galend, qui débordait d’émotions alors qu’il faisait tout pour les renfermer, le Protecteur Percifal et son aura incroyable, sa dévotion sans faille, le Protecteur Cyrno, dont le charisme ne cessait de m’impressionner, et m’intimidait même, parfois, Dame Eleonor, la douceur incarnée, le Seigneur Ethann, à qui je voue une admiration totale, et qui d’ailleurs semble avoir comme rajeuni, dernièrement. Un fait dont j’aimerais lui parler, si je l’ose.

D’autres compagnons étaient moins présents, je pense notamment à Sire Clovius, pour qui j’ai beaucoup de respect, et d’amitié. Lorsque les ombres allaient m’être enlevées, c’est à lui et à sire Percifal que j’avais demandé, si le rituel échouait, de me faire l’honneur d’abréger mes souffrances de sa lame.
A cet instant, j’avais conscience de l’acte impossible que je lui demandais, et ne pouvait ignorer que le Protecteur Percifal, si la situation le demandait, n’aurait pas pu agir ainsi. Mais Sire Clovius avait saisit les conséquences désastreuses si je devenais hors de contrôle, et avait accepté ma demande. Je savais que les jours précédent le rituel, il serait dur avec moi, peut être même violent, mais c’était un mal pour un bien, et je savais l’importance qu’il portait à l’Ordre, ainsi que l’importance qu’il me portait.

Il n’eut jamais besoin de faire preuve de violence physique, il n’a jamais manqué de respect et s’il avait du agir, je sais qu’il n’en aurait jamais manqué. Je le porte en haute estime.

Pourquoi n’ai je pas mentionné Dame Eileen ? Je lui voue une place particulière dans mon cœur.
Et je vois en elle un pouvoir absolument incroyable, dont elle n’a peut être pas connaissance. Nous usons tous de Lumière, de Magie, ces forces inépuisables qui coulent dans nos veines.

Dame Eileen utilise la juste mesure. Peu, mais bien. Elle agit ainsi également avec les mots. Elle a une pudeur et une réserve qui peuvent caresser ou trancher.

Je n’ai pas mentionné tout le monde, mais chacun à sa place dans mon cœur.
Tous apportent un sens à ma vie.

Je me donne, corps et âme, et le fais volontiers.

Et enfin, il y a cette flamme, qui est née sur mes lèvres, et qui, en cette nuit, sous les étoiles d’un ciel dégagé, s’est répandue sur et sous ma peau.

Dans mes bras, nous flottions au dessus du sol. Les objets commençaient à léviter autour de nous, alors que les Flammes les plus puissantes et la Lumière la plus pure se rencontraient, et dansaient ensemble, dans un instant d’éternité, que je découvrais pour la première fois.

Une flamme qui venait se loger dans mon âme, que j’avais laissée envahir, le sourire aux lèvres, et qui désormais ne pouvait plus se passer de ses étincelles. Je lui appartiens.
Une flamme, du nom de Kenthan.