Amen0thes

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Kenthan

Arrivant à ses cotés, je trouvais Kenthan dans un état plus que préoccupant.

Nous nous trouvions dans une piece fermée, dont les murs n’avaient aucunes fenêtre. Un air frais caressait mes joues. Le sol était meuble, et un escalier semblait mener vers un niveau mons spartiate. Je reconnaissait immédiatement le niveau inférieur du fortin d’Atreval.

Je m’approchait de Kenthan. Mais m’arrêtais net, voyant que ce dernier avait vomi, et constatant la blessure et l’état de son bras. Je mis ma manche sur mon nez, pour me protéger.
Kenthan trouva la force de me raconter ce qu’il s’était passé. La disparition du Chevalier Cyrno, l’attaque du Nécromancien, sa blessure et la peste qui le rongeait, Chibi inconsciente. Tremblant, et sa flamme vacillant, il m’annoncais que Dame Eileen était informée, et qu’elle arrivait.

Devant l’urgence, je lui annonçais:

  • Je peux vous redonner de la force vitale, et tenter de ralentir la progression de l’infection, mais ces poisons sont particulièrement forts, et je ne pense pas pouvoir l’éradiquer totalement.

Je lançais nombre de salves de lumière pour renforcer Kenthan, j’y mettais tout mon coeur. Tant de Lumière aurait pu illuminer tout Atreval, nous en étions totalement baigné, dans ce sous bassement, d’habitude sombre, et cela lui redonnera de la force de vie, dans la douleur, son état étant particulièrement faible, mais en effet, je ne pouvait que ralentir la progression du poison qui gagnait rapidement tout son avant-bras

  • Je reste avec vous, le temps que Dame Eileen nous retrouve. Nous ne quitterons pas Atreval, on va trouver une solution, ensemble. lui dis je.

Et en effet, nous fûmes rapidement rejoins par Dame Eileen, que je fut si soulagé de voir.
Son regard trahissait une inquiétude grandissante et une fatigue intense.

Toute la nuit, nous nous sommes, Dame Eileen et moi, attelé à réaliser des analyses. Et pour ce faire, ce pauvre Kenthan dut donner de sa personne. Nous utilisions ses tissus de chair infectés, que nous prélèvions, afin de comparer avec ceux prélevés sur les précédentes victimes, sur Cemra.

Je consignais les notes de Dame Eileen sur un parchemin, avant que nous réalisions d’autres essais.

Je profitais que Dame Eileen se repose une heure pour réaliser moi aussi des examens, analysant la charge magique de cette peste, et usant d’enchantements pour quantifier son ralentissement.

Mais ce laboratoire, qui avait été installé par Dame Eileen et Sire Kenthan ne contenait pas tous les ingrédients d’enchantement dont j’avais besoin. Je missionnais donc un garde pour aller quérir ces composants, que j’avais laissé dans la tour des Mages, non loin.

Une fois en leur possession, mes travaux pouvaient commencer.
J’étudiais alors les formules de détection, afin de localiser précisément la charge de cette peste.

Le jour se levait, mais nous n’en avions pas conscience, affairés dans le sous bassement du fortin. Nous étions comme isolé du monde, incapables de savoir à quel moment de la journée nous nous trouvions.

Dame Eileen quittait le laboratoire, afin de remettre les conclusions de ses autopsies et des biopsies réalisées sur Kenthan.
Nous avions identifié une peste diluée, à effets lents. Probablement ce qui permettait encore à Kenthan de rester en vie.

Elle avait constaté sur Cemra des cicatrices dans le dos. D’anciennes marques, anciennes pour certaines, mais récentes pour d’autres. Elle datait les plus récentes de quelques jours seulement. Elle ajoutait que la victime semblait s’être elle même infligé ces blessures.

Il m’était tout simplement impossible d’aller voir cela par moi même. C’était au dessus de mes forces.
Je me rappelais cependant avoir récupéré le journal de Cemra. Lorsque le temps me le permettrai, je comptais aller le lire, pour en savoir plus à ce sujet.

Profitant d’un moment de répit, je m’asseyais, non loin de Kenthan, et le regardait longuement.

Il dormait.
La pierre qui flottait au dessus de sa tête vacillait parfois, brillant avec moins de force qu’à l’accoutumée. Il transpirait, toussait, également, ce qui le pliait de douleur. Depuis notre arrivée, Dame Eileen et moi nous étions équipés de masques et de gants, pour nous protéger de toute infection, et nous relayions pour lui donner des salves de magie régénérative.

Kenthan était à 2 mètres de moi. Un Haut Elfe assez jeune, qui semblait terriblement apeuré, le visage parfois déformé par la douleur. Je voulais aller près de lui, le rassurer, être une épaule pour qu’il se repose dessus. Mais cela m’était impossible. Je me battais pour sa survie, et ne pouvait pas même essuyer son front, transpirant.

A son retour, Dame Eileen rapportait une fiole contenant un liquide verdâtre. Elle tenait cette fiole avec un chiffon, pour ne pas la manipuler directement.

  • Voici ce qu’a ramené le Chevalier Cyrno, après s’être échappé de l’endroit où il était captif. C’est évidemment de la peste qu’il y a dans cette fiole. Me dit-elle.
  • Cyrno, il est vivant, et il s’est échappé ?
  • Oui, il a réussi à revenir à Atreval, des gardes de la ville l’ont pris en charge. Il a manifestement été torturé, les médecins de la ville sont auprès de lui. Je n’ai même pas pu l’approcher.
  • Par Elune, je suis soulagé de le savoir de nouveau auprès de nous ! Savez vous quand nous pourrons le voir ?
  • Non, je ne sais pas encore, mais j’ai profité de ma sortie pour demander à un garde de nous rapporter à manger. Nous lui demanderons, dès qu’il arrivera.
  • Dame Eileen… Quand sommes nous ?
  • Nous sommes l’après midi, mais je ne saurais vous dire quel moment de l’après midi exactement.

Je regardais alors l’épée de Cyrno, posée dans un coin de la pièce. Son épée avait été rapportée par le Nécromancien, lorsqu’il avait agressé Dame Chibi et sire Kenthan. Je la désignais du doigt.

  • Quand il ira mieux, je pense qu’il sera heureux de la retrouver. Nous savons tous à quel point il tiens à son épée.

La journée se déroulait, et Dame Eileen et moi, étions là, à nous battre pour sauver Kenthan.
Il était clair que les priorités n’étaient plus à notre adoubement. Fatigué, je m’installais dans un coin, pour tenter de me reposer un peu. Mais les questionnements m’assaillaient, alors que je me tentais de dormir.

Je m’enfonçais lentement dans de tristes pensées, qui m’envahissait, la fatigue et le deuil de Cemra n’aidant pas.

Pourquoi tout cela se produit, si soudainement ?
Cemra, cet inconnu il y a peu, qui avait pris tant de place dans mon cœur, assassiné, devant moi.
Je pensais mes compagnons en sécurité, ils sont à l’agonie.
Nous devions célébrer un moment de joie, un honneur qui nous était faits, Dame Eileen et moi.
Peut être n’ai je pas été à la hauteur pour devenir Chevalier. Ai-je failli à ma mission ?
Quelle a été ma faute ?

Sentant ma gorge se nouer, je me relevais immédiatement, pour reprendre mes travaux. Le temps était un luxe que nous n’avions pas. Et la souffrance, la tristesse, le deuil et le déshonneur n’avaient pas non plus leur place ici, nous devions être porteurs d’espoir, pour les nôtres, pour ceux que nous aimons.

Je me ressaisissait rapidement, cachant à Dame Eileen, et à tous ceux qui me verraient, la souffrance qui me rongeait petit à petit. Je la reléguais au second plan, comme j’ai toujours fait. Ceux que j’aime avant tout. Pour moi, on verra plus tard.

Et ainsi, la journée continuait de se dérouler. Voila plus de deux jours que Dame Eileen et moi n’avions pas dormi.

Et les événements qui allaient se présenter ce soir même allaient nous mettre encore plus durement à l’épreuve…