
Erwan Ombrefaille
Chroniques d’un fils du Vide
Pendant soixante-quatorze longues années, il n’était qu’un écho figé dans les entrailles mouvantes de la Faille de Telogrus. Suspendu dans une stase tissée par les Ombres elles-mêmes, Erwan, jadis jeune elfe altier, était devenu presque une légende oubliée au sein des murmures cosmiques.
Mais les Ombres ne retiennent que ceux qu’elles jugent encore incertains.
Et un jour, sans cri, sans lumière, les chaînes se délièrent.
Erwan ouvrit les yeux.
Il n’y avait plus de temps. Plus de souvenirs précis. Seulement les étoiles mortes, et la présence obsédante de la Faille qui chantait encore dans ses veines. Durant dix années entières, il erra dans Telogrus, apprenant la magie du Vide comme un affamé découvre les lettres d’un vieux grimoire interdit. Sous l’œil silencieux des anachorètes et des vestiges de l’armée de l’Ombre, il façonna ses pouvoirs dans le silence glacé des constellations déchues.
Il croisait parfois Alleria Coursevent, l’impérieuse tisseuse du Vide, qui jamais ne l’arrêta, ni ne l’encouragea. Mais elle savait. Ils savaient tous. Quelque chose, dans le regard d’Erwan, brûlait avec une intensité différente : un feu contenu, presque… humain.
Et puis vint le jour où Alleria renouvela son allégeance à l’Alliance. La Faille changea alors. Elle s’ouvrit. Et Erwan, désormais adulte, modelé par les ténèbres, passa de l’ombre à la lumière du monde réel. Ce fut à Hurlevent que ses pas le menèrent, attiré non par la noblesse des cieux… mais par la rumeur d’un marché ancien, caché sous la cité, où se réunissaient les mages déchus et les esprits damnés.
Là, dans la moiteur d’un escalier oublié, il le rencontra.
Un démoniste. Sans nom, sans visage — du moins, aucun qu’Erwan se rappelle aujourd’hui.
L’homme n’argumenta pas. Il parla. Et ce qu’il dit, Erwan le comprit déjà avant de l’entendre.
« Le Vide t’a libéré. La Lumière aurait cherché à te purifier. L’une t’a accepté tel que tu es… l’autre veut te changer. »
Ce soir-là, Erwan ne dormit pas. Le lendemain, il jeta ses espoirs de Lumière dans le feu d’un brasero ancien, au fond d’une crypte. Et il prêta serment à l’Ombre. Non par haine. Non par vengeance. Mais par choix.
Il prit un nouveau nom.
Erwan Ombrefaille.
Celui qui ne s’incline devant rien. Pas même devant le Vide.
Le Pacte et la Cendre
Le démoniste sans nom, que les plus téméraires appelaient le Veilleur du Treizième Cercle, prit Erwan sous son aile comme on recueille un feu errant dans une lanterne noire. Il ne lui enseigna pas par la douceur. Il le jeta dans des cercles d’invocation instables, l’obligea à canaliser la haine d’âmes brisées, à résister à des entités plus anciennes que le Vide lui-même.
Mais Erwan apprenait vite. Trop vite.
Ce n’était pas qu’il maîtrisait la magie…
C’était que la magie du Vide semblait le reconnaître, comme un reflet ancien retrouvé dans une eau stagnante.
Le Veilleur observait, en silence. Et lorsque le moment vint, il mena Erwan dans les catacombes d’un temple oublié sous le Bois de la Pénombre. Là, entouré de pierres maudites et d’os couverts de runes, il lui offrit son épreuve finale :
« Invoque une Ombre. Pas une esclave. Pas un pion. Invoque un être. Et lie-le à toi. S’il accepte, il te suivra. Sinon… tu ne reviendras pas. »
Les années passées sous l’aile du Veilleur du Treizième Cercle avaient façonné Erwan. Sa maîtrise des ombres n’était plus une simple compétence : c’était une nature. Pourtant, il lui manquait encore une chose — un ancrage, une force à ses côtés, capable d’affronter les pires abominations de ce monde et d’ailleurs.
C’est dans un grimoire maudit, dissimulé dans les tréfonds d’une crypte de Suramar, qu’Erwan découvrit ce qu’il cherchait. Le livre, relié en peau de draeneï desséchée, semblait pulser sous ses doigts, vivant et affamé. Ses pages évoquaient un rituel interdit, banni même parmi les démonistes : le Rituel du Lien-Sang.
Un pacte scellé non pas par la volonté… mais par la soumission absolue.
Il hésita. Puis sourit.
La nuit suivante, dans les ruines d’un ancien temple kaldorei, Erwan traça un cercle d’obsidienne au sol, gravé avec le sang d’une vierge lunaire, mêlé à une goutte de son propre sang. Autour de lui, les runes brillaient d’un éclat malsain, oscillant entre le violet du Vide et le rouge du Néant.
Il commença à réciter l’incantation, lentement, à voix basse, entre deux battements d’un cœur qu’il avait arraché quelques heures plus tôt — un cœur encore chaud, suspendu au centre du cercle.
Le vent se tut. La lumière se tordit.
Le voile entre les mondes se déchira.
Et de cette brèche hurlante… il l’arracha.
Al’gamon.
Un être de ténèbres liquides, immense, aux yeux de braise bleutée. Il ne parla pas. Il résista. Mais les chaînes, formées de mots anciens et d’un cercle imprégné de volonté brute, l’enserrèrent.
Erwan, trempé de sueur, vacilla.
Mais il ne fléchit pas.
Le pacte fut conclu. Le Lien-Sang était scellé.
Al’gamon était lié.
Pas libre. Pas consentant. Juste… là.
Une arme. Un bouclier. Une ombre muette au service de son maître.
Il combattait, tuait, protégeait, comme l’exigeait le sort. Mais au fond de lui, une flamme ancienne ne s’éteignait pas. Car avant l’invocation, Al’gamon était déjà quelque chose. Quelqu’un.
Et dans le silence des nuits où Erwan méditait près d’un feu mourant, le Marcheur du Vide regardait. Il observait cet elfe qui, malgré les chaînes qu’il avait imposées, ne le traitait pas comme un simple outil. Erwan lui parlait parfois. Pas pour commander. Mais comme on parle… à un compagnon. À un égal.
Alors un jour, lorsque le cercle s’affaiblit, qu’Al’gamon aurait pu fuir…
Il resta.
Non par magie.
Mais par choix.
Dans les tréfonds du Néant Distordu, là où les lois de la réalité se plient aux caprices du chaos, naquit un être de fumée et de silence : Al’gamon, un Marcheur du Vide. Formé dans les vents glacés d’étoiles mourantes, nourri par les murmures des âmes perdues, Al’gamon errait librement parmi les fragments de mondes oubliés, sans maître, sans but, seulement guidé par l’écho éternel du Vide.
Mais la liberté, même dans le Vide, n’est qu’une illusion fragile.
Erwan Ombrefaille, démoniste humain aux ambitions aussi profondes que les abysses, fouilla les secrets interdits de la magie noire. Dans les pages d’un grimoire relié en peau de draenei, il trouva le Rituel de la Lien-Sang. Avec un cercle gravé en sang de vierge lunaire et une incantation murmurée entre deux battements d’un cœur maudit, il ouvrit une brèche… et y tira Al’gamon de force.
Lié par les chaînes d’obsidienne du pacte infernal, Al’gamon n’était plus qu’un serviteur. Un bouclier vivant. Une arme silencieuse. Il combattait sans poser de questions, tuait sans remords. Pourtant, derrière ses yeux de braise, une étincelle de conscience persistait. Il se souvenait… de l’avant.
Erwan, quant à lui, montait en puissance. Avec Al’gamon à ses côtés, il écrasa les cultes rivaux, invoqua des abominations plus anciennes que le monde, et devint une légende redoutée dans les royaumes de l’Est. Mais plus Erwan se rapprochait de son apothéose, plus le lien entre lui et son Marcheur se fragilisait.
Car Al’gamon apprenait. Il observait. Et surtout, il attendait
Un soir d’éclipse, lorsque les voiles entre les mondes furent les plus minces, Al’gamon perçut une faille dans l’incantation qui le liait. Une faiblesse, un interstice dans les chaînes qui l’avaient retenu si longtemps. Il aurait pu fuir. Il aurait pu se libérer. Et pourtant… il hésita.
Dans le silence du sanctuaire, il observa Erwan. Le démoniste dormait, l’esprit épuisé par la veille d’un rituel qui avait sauvé un village entier — non pas par bonté, mais parce qu’un artefact y était caché. Al’gamon repensa à son existence d’avant : errance, solitude, hurlements de mondes mourants.
Sous les ordres d’Erwan, il avait connu autre chose. Le combat, certes. Le sang, oui. Mais aussi un but. Une constance. Une forme de respect mutuel, tordu certes, mais réel. Erwan ne le maltraitait pas. Il le comprenait. Il ne le voyait pas comme un simple outil, mais comme une extension de sa volonté. Un allié. Un compagnon.
Alors Al’gamon fit un choix. Il referma la faille. Il renforça lui-même les chaînes du pacte, les liant non plus par contrainte, mais par loyauté.
Et lorsque l’éclipse passa, Erwan ouvrit les yeux. Le démon se tenait là, immobile, regard fixé sur lui.
— Tu as senti, murmura le démoniste.
— Oui, répondit Al’gamon d’une voix d’écho abyssal. Et j’ai choisi. Je reste.
Erwan ne répondit pas tout de suite. Il se contenta d’un hochement de tête, imperceptible. Entre eux, nul besoin de mots inutiles.
Le Marcheur du Vide se plaça derrière lui, comme toujours. Plus qu’un serviteur. Moins qu’un maître. Un pacte scellé dans l’ombre… par la volonté des deux.
Erwan Ombrefaille est un personnage crée dans World of Warcraft.
C’est un Elfe du Vide, démoniste.
Il n’a jamais rencontré Rewan Aiglenuit, et pourtant, il a un lien très fort avec lui.
Quand Erwan a été libéré des ombres, dans la faille de Telorgus, ses ombres ont traversé Azeroth et ont cherché un nouvel hôte, faible.
C’est alors qu’elles ont trouvé Rewan, qui à ce moment là, était sur le point de périr avec ses camarades de Régiment, en Norfendre. Elles l’ont donc possédé.
Par conséquent, ces deux personnages sont très liés, mais ne peuvent se rencontrer: qui sait ce qu’il peut se passer s’ils venaient à se voir, sachant cette chose qu’ils ont en commun ?
Erwan n’est pas un adepte de la bienséance. Il peut être poli, tout comme il peut être vulgaire.
C’est un individu discret. Vous le trouverez majoritairement à Hurlevent, où il réside.
A l’origine, c’est simplement un reroll, mais je lui ai donné une histoire et il a donc sa place ici, parmi les personnages 🙂