Alors que nous étions, Dame Eileen et moi, affairés à ranger le laboratoire, qui nous servait également de logement, depuis plusieurs jours, nous entendions un murmure, à peine audible, résonner dans la pièce.

Nous pensions d’abord qu’il s’agissait de l’un de nous deux, et nous regardions avec interrogation, quand ce murmure repris.

Nous tournant vers sire Kenthan, nous constations qu’il s’éveillait, doucement.
Partagés entre l’émotion, l’excitation, et notre souhait de l’accompagner dans son réveil, nous nous répartissions les tâches, afin de nous assurer que les constantes de sire Kenthan étaient bonnes.

Dame Eileen notait précieusement les résultats des examens qu’elle effectuait: activité cardiaque, état des yeux, état de la blessure au bras, qui semblait d’ailleurs assez bien se résorber.

Pour ma part, je vérifiais les réflexes, le langage, les sensations.
Je ne pouvais m’empêcher de m’émerveiller devant cette vie qui reprenait souffle, la vie de sire Kenthan, qui plus est.

Un sourire arborait certainement mon visage, un sourire un peu niait, j’en conviens, lié à ce soulagement de le voir de nouveau parmi nous. Lui, pour qui nous nous étions tant battu. Lui, qui est un symbole, si particulier à mes yeux.

Nous fumes rejoints par Sire Galend, et Dame Chibi, qui vinrent prendre des nouvelles de Kenthan.
J’étais particulièrement heureux de voir sire Galend assister à l’éveil de sire Kenthan.

Il avait activement participé à élaborer le remède, qui venait de lui sauver la vie. Voir de ses yeux le fruit de son travail, voir une vie sauvée grâce à lui était une fierté que j’ai aimé le voir vivre.

Il s’agit d’une personne discrète, qui parle pour aller droit à l’essentiel, et rien de plus. Il ne faut pas aborder avec sire Galend tout ce qui touche au ressenti. Une pudeur pour laquelle, j’ai peut être parfois été maladroit, mais que je veille à respecter désormais.

Dame Chibi, émue, se confondait en excuses auprès de Sire Kenthan, eclipsant même les salutations de Dame Eileen.
Je me plaçais aux coté de Dame Eileen, nous en sourions tous deux d’ailleurs. La situation était exceptionnelle, nous ne pouvions lui en tenir rigueur.

Bientôt, je me retrouvais seul auprès de sire Kenthan.

Il me disait alors que dans les ténèbres où il se trouvait, il m’avait entendu lui parler, et jouer de la musique pour lui.

Je me confondais en honte. Une partie de moi espérait qu’il entende. Ma raison espérait qu’il serait le gardien inconscient du poids que j’ai sur les épaules.

Je profitais donc de la nécessité d’aller chercher de l’eau au puit pour m’eclipser, et, après l’avoir ré installé confortablement dans son lit, remontait à la surface, retrouver Dame Eileen, et sire Galend.

Il s’est proposé pour veiller sur sire Kenthan en notre absence. Nos épreuves reprennent demain. Je sais que sire Kenthan est à présent entre de bonnes mains, et nous pouvons, Dame Eileen et moi, reprendre nos épreuves de chevalerie sereinement.