Amen0thes

Un geek ne vieillit pas, il level up ! PNJ des internets depuis 1985

La bataille pour le Tombeau d’Uther

Sortant de la Tour des Mages, les bras chargés de parchemins, les bandages accrochés à ma ceinture, je voyais un convoi, se déplacer à la hâte. Une personne était transportée, visiblement de toute urgence.

Le convoi laissait derrière lui des traces de sang, tombées au sol.

Lorsque je regardai qui était transporté, il me fut aisé de reconnaitre le tabard, le pantalon, récemment acquis, et « plus pratique pour les combats», m’avait elle dit, quelques heures avant.

Mes parchemins tombaient au sol, alors que je tournais mon regard vers Percifal, épuisé et en larme, sur sa Belle Courtoisie.

J’ignorais encore la totalité de ce qu’il s’était passé, et j’allais, rapidement sombrer dans un cauchemar.

Nous étions, quelques heures plus tôt, à Âtreval, réunis pour permettre l’exfiltration de prisonniers, retenus dans des camps non loin.
La situation était délicate et demandait une organisation de tout l’Ordre, un plan d’action, de déploiement.

Ceci donné par le Seigneur Ethann, nous nous répartissions en deux groupes. Dame Eileen et moi étant voués à soigner nos camarades, nous étions séparés, pour assurer le soutien vital dans chaque groupe.
Je n’étais pas non plus près de Kenthan, mais le savait en sécurité à ses côtés, et inversement.

Sur place, un worgen, chevalier de la mort dirigeait le campement. Nous fûmes rapidement engagés dans le combat avec lui.

Un combat rude et riche en révélation. Le worgen savait parfaitement quelles cordes sensibles vibraient en nous, et avait écrit sa partition en conséquence.

En agitant les circonstances de la mort de Barnubas, et en révélant qu’il en était l’auteur, il fut plus que difficile de rester concentré, et ne pas succomber à la colère.
Je voyais mes camarades se battre avec toute la ferveur et la puissance que je leur connaissais.

Mais hélas, notre unité s’étiolait. Une unité que le worgen s’affairait à découdre, sachant parfaitement quels points sensibles nous affectaient, tous.

Nous étions lancés dans un combat, mais ignorions que ce combat était aussi celui des mots. Et rapidement, nous étions dispersés, à vouloir combattre individuellement, alors que nous avions besoin, plus que jamais, d’unité.

Mon cœur s’arrêtait à l’instant où je voyais ce worgen lancer un sortilège de peste, droit vers Kenthan, le frappant de plein fouet

« KENTHAN ! »

Puis il infectait Dame Eileen, puis le Seigneur Ethann.
Mon attention était tant absorbée par Kenthan que je ne voyais pas le même sortilège se diriger droit vers moi.

Me tournant vers le worgen, je voyais cette lame magique de peste foncer droit vers moi.
Je me trouvais en lévitation, comme me l’avait appris Maitre Cyrno. Je pouvais ainsi faciliter mes déplacements, avec plus de rapidité. Et je dois bien reconnaitre que cette technique m’aura sauvé la mise.
Alors que le sortilège arrivait à ma hauteur, dans un mouvement, ou plutôt un réflexe, je glissais sur mon coté droit. Cette technique m’avait été apprise par mon maitre d’arme.
Une translation quasi immédiate, sur une courte distance, qui m’aura cette fois permis de m’extraire au dernier moment du sortilège, qui s’évaporait derrière moi.

J’eu un souffle de soulagement, et reportais de nouveau mon regard vers Kenthan.
Il avait assisté à la scène, cela semblait avoir réveillé une colère en lui, que je n’avais jamais vue.
Il canalisait un sortilège que je ne pouvais que difficilement définir.

Ses brassards tombaient au sol. J’en connaissais la signification, pour avoir déjà vu la puissance que cela déchainait.

Ses ailes de feu se déployaient derrière lui. Des ailes qui m’étaient familières. Toutefois, elles brulaient cette fois d’un rouge intense. Kenthan pris littéralement feu, et alors qu’il lançait son incantation, des lames de flamme assaillirent le worgen pour le blesser rudement.

Tous les autres avaient déjà bien engagé le combat et infligé des blessures contre cet ennemi, mais l’action de Kenthan eu le don de le mettre particulièrement en colère.

Il lançait une nouvelle salve de peste, en direction de Dame Eileen. Le Seigneur Ethann s’interposa, et fut frappé de plein fouet par le sortilège, une seconde fois. Il venait de sauver Dame Eileen d’une surinfection, se l’infligeant, au passage.

Les symptômes se déclaraient rapidement chez lui. Des quintes de toux sanglantes le prenaient, et ses forces commençaient déjà à l’abandonner.
Les images de l’infection de Kenthan me revenaient soudain, les étapes de développement de la maladie, les symptômes.

Ethann arrivait soudain déjà à un stade avancé. Bientôt, il ne pourrait plus tenir debout, et ferait de multiples hémorragies.

Visiblement échaudé par les actions des compagnons de l’Ordre, le worgen quittait les lieux pour se rendre au tombeau d’Uther, et souiller sa dépouille par le Fléau.

Impensable pour chacun d’entre nous !

Dame Eileen avait préparé des fioles du remède contre la peste. Après en avoir bu une, le Seigneur Ethann, Kenthan et elle-même étaient hors de danger. Il faudrait cependant à Ethann un peu plus de temps pour se remettre totalement.
Tout le monde partait pour le tombeau. Je restais sur place, libérant les prisonniers survivants, afin de les ramener en sécurité, à Atreval.

Le worgen avait absorbé l’essence vitale de nombre d’entre eux, et il n’y avait plus rien à faire pour ces pauvres malheureux.

C’est leur essence même de vie qui leur avait été volée. L’essence de vie que j’avais extraite de mon corps, pour la donner à Kenthan, alors qu’il était mourant.

Je savais que si je donnais la totalité de mon essence, ma vie s’arrêtait. Si une solution pour Kenthan n’était pas trouvée, je l’aurais d’ailleurs fait.

J’avais prévu cela.

Je n’en avais parlé à personne, pas même à Dame Eileen, mais j’arrivais au bout de mes forces. Kenthan disposait de la quasi-totalité de mon essence vitale. Il ne m’en restait qu’une infime quantité.

Mes pas étaient difficiles, inspirer et expirer me demandaient un effort surhumain, et me brulait la cage thoracique.
Mais je ne disais rien, je ne montrais rien. Dame Eileen n’aurait pas approuvé cela, de toute évidence.

Je comptais donner à Kenthan cette quantité restante, et quitter définitivement ce monde.

Mais pour une raison qui m’a glacé le sang, peu de temps avant que je le fasse, toute mon essence vitale m’est revenue soudainement.

Pourquoi avait-elle quitté le corps de Kenthan ?
C’était soit le signe d’une guérison providentielle, soit d’une agonie.

Il n’y avait aucune guérison, il agonisait.

Avec Dame Eileen, Sire Galend, et tous les autres, nous avons rassemblé les composants, et l’avons guéri
Kenthan est véritablement un miraculé.

Hélas, ces prisonniers devant moi n’avaient pas eu cette chance. Je ramenais le peu qui restait à Atreval, pour les mettre en sécurité.
Le reste du groupe se rendait au tombeau.

Je me trouvais à Atreval, affairé à rassembler à la hâte, parchemins et bandages, quand ils sont revenus.

J’ai d’abord entendu bruit, comme un coup de tonnerre, au loin. Une forte lumière venait d’émaner en direction du bivouac des soigneurs. Puis le bruit d’un cheval au galop, puis des voix s’élever, une sorte de précipitation qui se faisait dehors. Des cris, provenant d’une voix qui m’était familière. Percifal ?

Que s’était-il passé ? Je l’ignorais, j’en aurais rapidement le cœur net.

Un convoi de gardes de la Croisade d’Argent se déplaçait à la hâte. Il prenait en charge une personne qu’avait ramené Percifal, visiblement de toute urgence.
Je la reconnaissais. Elle était inconsciente, et saignait abondamment.

Eileen !

Je courrais en sa direction, pour rattraper le convoi, qui s’engouffrait dans un bâtiment auquel on me refusait l’accès.

La panique m’envahissait. J’étais inutile devant cette porte close.
Voyant la détresse de Percifal, au loin, je me ressaisissais et courrais à sa rencontre. Je l’entendais, essoufflé et à bout.

«Clovius… Clovius ! »

Mon mentor était en larmes, jamais je ne l’avais vu ainsi. Je le laissais reprendre son souffle.

« Clovius, ils ont tué Clovius. Et Eileen s’est sacrifiée pour Ethann. Ils l’ont emmené avec eux ! »

Je n’ai entendu que cela.
Les sons étaient soudain comme étouffés, sourds. Un sifflement strident me sonnait.

Les images se superposaient et défilaient lentement, à mesure que je tournais la tête en direction du bâtiment ou Eileen avait été emmenée. Je n’entendais plus que le battement de mon cœur, qui accélérait, à mesure que ma vision semblait, elle, au ralenti.

Comment la situation avait elle pu nous échapper à ce point ?
Je restais là, abasourdi, un nœud à la gorge naissant, désemparé.

Une main ferme sur mon épaule me sortait brutalement de ma torpeur. C’était mon bien aimé, Kenthan.

« Rewan, viens, j’ai besoin de toi, nous devons agir immédiatement ! »

Je suivais mon âme sœur, nous partions ensemble en direction d’Eileen, et je comprenais, à mesure que nous avancions, qu’un nouveau combat allait prendre place. Un combat pour la vie d’Eileen, que nous allions mener, Kenthan et moi.