Amen0thes

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Espoir, et main tendue

Dame Eileen et moi travaillions, si longuement, avec une patience que j’ignorais jusqu’alors.
Ce jeune mage avait tant besoin de nous.

Nous ressentions la charge qui nous incombait, elle et moi, mais n’en parlions pas. Nous la transcendions, tant nous étions concentrés.
L’état de sire Kenthan s’aggravait. Il ne pouvait plus vraiment bouger, et nous constations diverses hémorragies, au niveau des yeux, des oreilles, de la bouche.

La maladie avait passé un nouveau stade. Le dernier stade avant que tout soit perdu, définitivement.
Pour ma part, je me refusais à voir une autre personne que j’aime mourir, devant moi.

S’en était presque une affaire personnelle. Ma seule inconnue était de savoir si lui, avait envie de vivre, de s’accrocher.
Nous avions eu une grande conversation, alors que nous étions en quarantaine, après la mort de Cemra. Il m’avait dévoilé bien des souffrances qu’il endurait.

Voulait-il continuer à vivre, et les porter ?

Le livre que nous avait remis le Clerc était d’une aide inestimable. Nous l’ignorions encore à cet instant, mais la réponse à nos recherche se trouvait en ses pages.

Nous brulons tous les vêtements que nous utilisons et qui entrent en contact avec sire Kenthan. Nos gants, nos masques…
La journée, je cherche un remède pour le soigner. La nuit, je confectionne des gants de rechange.

Mais cet après midi, dans le sous bassement, alors que Dame Eileen cherchait dans le livre du Clerc, elle s’exclamait.

Là ! Ca y est, c’est la formule !

Je sursautais, affairé à essuyer le front, puis nettoyer le sang de sire Kenthan, avec un tissu.
Venant aux cotés de Dame Eileen, et lisant la formule, nous établissions rapidement une liste d’ingrédients, et missionnions les compagnons de l’Ordre, pour les récupérer, aux quatre coins des Royaumes de l’Est, et même au delà, jusqu’en Norfendre.

Dame Eileen préparait à la hâte une expédition en Norfendre pour y récupérer du Lotus Givré, l’un des ingrédients, ainsi que de la saronite. Accompagnée par le Protecteur Cyrno, tout juste remis de ses dures épreuves, ils allaient quitter Atreval, pour des contrées dont elle ignorait tout. Mais cela ne semblait pas l’inquiéter. Elle ferait n’importe quoi pour sauver des vies. Une qualité qui me porte en admiration devant elle.

Je sais qu’elle endure cette épreuve, qui la sollicite bien plus qu’à l’accoutumée. C’est une femme brillante, et discrète. Par respect pour cette pudeur, que je ne veux bousculer, je reste également discret. Je suis un élève, à l’écoute de son professeur. Elle n’a pas à porter ce que j’ai sur les épaules et le cœur. Elle est la véritable lumière, dans cette pièce sombre. Et je protège la lumière.

Je vais, pour ma part, accompagné de mon mentor, le Protecteur Percifal, rassembler tous les vêtements enchantés, pour en extraire le pouvoir, et récupérer une poudre très spéciale: la poudre arcanique.

Une occasion, pour lui et moi, de nous parler.
Qui, mieux que mon mentor, pourrait connaitre ma défaite, ma déchéance, ma honte ? Mais je ne pouvais encore mettre des mots sur cette honte.
La peur de son jugement, de son regard, ou de sa déception. C’est un être sage, bienveillant. Lui aussi, il porte un fardeau: le décès du Protecteur Barnubas. Mais, alors qu’il me poussait dans mes derniers retranchements, trouvant les mots, qui ouvraient ces cadenas, que j’avais pourtant bien scellé en moi, je me livrais à lui, petit à petit.

Et toujours avec ses mots, comme de véritables armes, qu’il utilisait pour me guérir, il me rapportait l’espoir, la force. Une fois de plus, Percifal était une main tendue, qui m’agrippait, et me sortait de ma longue et inexorable chute.

De retour auprès de Kenthan, je commençais ce long travail de désenchantement. La tâche n’est pas simple. Chaque tissus que j’avais devant moi était imprégné d’une magie différente. Il fallait l’identifier, et réaliser les bons gestes, pour la défaire.

Alors qu’il ne manquait que peu de poudre arcanique pour faire le remède, nous arrivions à court de tissu. Kenthan me tendait ses gants. Un vestige du passé, de ses souffrances. Ces gants qui avaient tenus sa femme, et ses enfants, que la vie avait quitté, à son retour du combat.
Je joignais alors le passé et le présent, et prenait mes gants de combat, que je joignais aux siens.

Ne le quittant pas des yeux, je réalisais les gestes pour les désenchanter, tous les deux, les rendant, par la suite, inutilisables.

Nous avions désormais assez de poudre arcanique.

Attendant avec impatience le retour de Dame Eileen et du Protecteur Cyrno, je retrouvais sire Galend, à l’extérieur du Fortin.