Amen0thes

Un geek ne vieillit pas, il level up ! PNJ des internets depuis 1985

Soigner son âme

Il régnait une certaine confusion dans mon esprit, alors que je réalisais ma patrouille sur Atreval, à la recherche du moindre indice, même infime, qui pourrait m’aider à identifier l’auteur du crime qui avait été commis.

Je me rendais aux écuries, afin de m’occuper des chevaux. Je devais normalement partir dès le lendemain, pour réaliser mes trois jours d’épreuves avant mon adoubement.

La tournure des événements me laissait perplexe quand à la suite qui y serait donnée. Mais, n’ayant pas reçu d’ordre à ce sujet, je continuai les préparatifs, et aviserais selon l’évolution de la situation.

Le premier des trois jours préparatoires d’un futur chevalier consistait à venir en aide aux personnes dans le besoin. Assurer une aide physique, en participant aux tâches du quotidien, en étant également un soutien moral, une écoute, une épaule sur laquelle s’appuyer.
Apporter mon aide auprès des habitants d’Atreval n’aurait en réalité pas été incompatible avec cette première épreuve.

En plus de nettoyer les box, nettoyer et brosser les chevaux de l’écurie, j’apprêtais donc mon cheval ainsi que celui de mon Chevalier-lige en vue de ce voyage. J’avais pris mes dispositions afin de passer cette première journée en Pandarie, et plus précisément au champs de pied de foudre.
Là, une famille de fermier avaient fort à faire, face à l’envahissement de nuisibles, ravageant leurs cultures.

Mon aide leur serait bien utile, ces habitants vivant très modestement, et se nourissant du fruit de leurs cultures.
J’avais rencontré le maréchal ferrant d’Hurlevent, quelques jours plus tot, afin qu’il réalise de nouveaux fers pour mon cheval ainsi que celui du Protecteur Percifal.

Je devais me rendre aujourd’hui auprès de celui en poste à Atreval, afin qu’il ferre nos chevaux.

Mais la confusion dans mon esprit concernait également Cemra. Et alors que je brossait mon cheval, je m’arrêtais quelques secondes, posant ma main sur mes lèvres.

  • Vous m’avez demandé ? Dit une voix derrière moi.

Je sortait de mes pensées et me tournait vers le maréchal ferrant, qui se tenait devant moi.

  • Bonjour sire. Je vous remercie d’être venu. J’ai ici des fers à placer sur deux chevaux, si vous avez le temps.
  • Bien sur, je vais faire ça de suite.

Le maréchal ferrant ne semblait pas suspicieux à mon encontre, comme l’étaient les autres habitants de la ville.
Il chauffa la forge, afin de préparer le remplacement des fers.

  • Vous partez pour un long voyage ? Me demandait il.
  • Il me faut aller en Pandarie, oui. Mais vu la tournure des événements, je pense que je vais rester ici, j’attends de savoir si cela se fera ou non.
  • Vous savez, nous ne sommes pas habitués à voir de nouvelles têtes ici, à l’exception des nouvelles recrues, qui arrivent de temps à autre. Mais vous n’êtes pas de nouvelles recrues. La méfiance des gens ici est plutôt légitime, même si vos intentions sont louables.
  • Je comprends. J’ai été secoué de voir de la suspicion à notre égard, suite au terrible événement de ce matin.
  • Ohh ne le soyez pas. Mettez vous à la place des gens. Même s’ils ne vous pensent pas les auteurs de ce crime, ils pensent que votre venue l’a précipité, peut être indirectement, mais il y a contribué. Leur réaction est peut être maladroite, mais compréhensible.

Je dois reconnaitre que je n’avais pas envisagé la situation sous cette perspective.
Nous restions encore quelques temps ensemble, afin que je termine de m’occuper de l’écurie, puis je pris congé, afin de terminer de préparer mes affaires pour le voyage qui m’attendait le lendemain.

Je me rendais à la tour des Mages, afin de préparer quelques enchantements qui pourraient être utiles à l’Ordre en mon absence.
Sire Kenthan m’aida à cette tâche. J’usais d’encres différentes, selon l’enchantement que je préparais, mais il m’apprenait que certaines, qu’il avait confectionné, pouvait encore amplifier les effets.
Son expertise dans la confection des encres m’apporta une aide précieuse pour mes enchantements.

Nous fumes rejoints par sire Altred.

Je créais un enchantement particulier, nécessitant une encre dont j’avais récolté les composants aux quatre coins d’Azeroth, et notamment faite à base de deux ingrédients rare: de l’esprit primordial, et une fleur appelée Lotus noir, que j’avais acheté à un herboriste à Hurlevent. Il m’expliquait alors que cette fleur était particulièrement difficile à trouver, et j’avais d’ailleurs du débourser une somme conséquente pour m’en procurer.

Je prenais cette encre, et dessinais le symbole d’Elune sur un parchemin. Puis j’ajoutais le symbole des quatres éléments primaires: l’eau, le feu, la terre, l’air, et ajoutait au dessus, le cinquième: l’esprit.

Enfin, je coupais une fine mèche de ma tresse, et la broyait au pilon, pour en répandre les poussières sur l’encre, encore humide du parchemin.

Je l’enroulais, et le scellait avec une cire violette, la couleur de la magie.

  • Mon cher Kenthan, votre maniement du Thalassien, et votre compréhension du Darnassien vous seront nécessaires si vous deviez employer cet enchantement. Si ma présence est absolument nécessaire, dépliez ce vélin, et prononcez les mots suivants:

    Elune-adore, andu-falah-dor. Ash karath Rewan !

    Ce vélin m’amènera immédiatement à vous.

Nous profitions de ce moment d’accalmie pour parler tous les trois. Mais notre quiétude fut rapidement dissipée lorsqu’un cri retentit à l’extérieur de la tour.

Nous accourumes au pied des marches de la tour. Devant nous se tenait un mage squelettique, de ceux que nous avions rencontré à Andhoral.

Au bout de sa faux, maintenu par le col de sa chemise, se trouvait une jeune recrue d’Atreval. Mon sang se glaça à sa vue. Je criais

  • Cemra !

Voyant qu’il ne m’était de toute évidence pas étranger, le squelette se tourna en ma direction. Il fit léviter Cemra au dessus du sol. Terrifié, il me regardait, ses yeux suppliaient que je lui vienne en aide.
Je n’en ai pas eu le temps. Dans un rire diabolique, la faux du mage…

(quelques gouttes humides sur la page trahissent des larmes, tombées à l’écriture de ces mots)

La lame se sa faux fend la gorge de Cemra. Puis le mage nécrotique s’évapore, laissant Cemra chuter au sol.
Je suis totalement transi par la scène qui vient de se dérouler devant moi. Il n’y a plus aucun son, je n’entend plus rien. Les images se déroulent comme au ralenti. Je vois Kenthan accourir vers Cemra, et poser sa main sur sa gorge.
Je sais alors au fond de moi qu’il est trop tard. Le temps reprends rapidement sa vitesse normale. Les sons me reviennent. je sens sur ma gorge un filet de douleur froide, comme si je ressentait alors ce que Cemra ressentait.

Je tends le bras en direction du tocsin de la ville, et y lance une salve d’énergie, pour l’actionner.
Les cloches sinistres sonnent et réveillent les habitants d’Atreval.

Le sang déborde des mains de Kenthan, qui fait tout pour retenir l’hémorragie, mais en vain.
Altred cours vers les griffons pour effectuer une reconnaissance aérienne, et voir s’il y a d’autres mages dans le coin.
Je me jette au sol, devant Kenthan. Je prend Cemra dans mes bras. Sa peau blanchit, son sang est partout sur Kenthan et sur moi. Cemra me regarde, et je comprends que je ne peux que l’accompagner dans son départ. Je lui tiens la main, qu’il peine à serrer, ses forces vitales l’abandonnant petit à petit. Nos doigts se croisent.

Il peine à bouger ses lèvres. Son corps tremble, je lis sur ses lèvres les mots « Je t' » mais il ne termine pas sa phrase. Sa mains enserrée dans la mienne lache son emprise, son corps cesse de trembler, et se relache, lentement.

Je le pose délicatement au sol. Kenthan lui ferme les yeux. Je prends ma cape pour le recouvrir. Le Fléau vient de faire une nouvelle victime.

Je relève les yeux vers Kenthan. Mon regard trahit le lien naissant que Cemra entretenait envers moi.
Depuis les hauteurs, Altred, sur son griffon, approche de nous

  • Restez ensemble, jamais autrement qu’en binôme, le temps que je m’assure qu’il n’y a personne d’autre ! nous lance t-il.

Mais nous devons alerter tout le monde. Je ne peux que désobéir.

  • Kenthan, restez auprès de lui, je pars à la Mairie informer le Seigneur Alphus et les Officiers de notre Ordre. Je reviens immédiatement après.

Je cours vers la mairie, gardant un regard dans les airs, pour voir Altred, et m’assurer qu’il n’est pas en danger.

Arrivé sur place, maculé du sang de Cemra sur mes vêtements, sur mes mains, j’annonçais la nouvelle:

  • Mes Seigneurs, pardonnez moi de vous interrompre. Un mage squelettique a commis un meurtre, dont Sire Altred, Kenthan et moi même avons été les témoins directs, avant qu’il ne disparaisse, sans que nous puissions voir où il s’est rendu. Il s’agit d’une de vos recrues, Seigneur Alphus… Le jeune Cemra.

Ma gorge se nouait alors que je prononçais son nom. Altred me rejoignait alors que je faisais un premier point de situation.

  • Sire Altred a surveillé les airs. Nous ignorons si la lame de l’agresseur était empoisonnée ou non. Par sécurité, je vais déposer le corps de Cemra dans les sous sols du fortin d’Atreval, à l’isolement.Quand à sire Kenthan et moi même, nous placerons à l’isolement, en la tour des Mages. Personne d’autre n’a manipulé le corps de ce pauvre malheureux.

Le Seigneur Alphus, entouré de ses gardes sort de la mairie, en m’évitant soigneusement.
Le Seigneur Ethann me regarde, l’air visiblement très préoccupé et inquiet. Son affection pour chaque homme qu’il a sous son commandement lui fait craindre un danger pour Kenthan et moi même, mais aussi pour tous les autres, qui ne sont désormais plus à l’abri.

  • Je ne veux plus aucun Chevaliers seul au sein d’ Âtreval, si l’ennemi est déjà entre nos murs, nous allons devoir le débusquer. Suivez la piste de ces traces, voyez où elles peuvent nous mener, ce qu’elles peuvent nous indiquer. Tirez le maximum de toutes les informations de ces deux autopsies. Je veux des rapports complets sur cette affaire à chaque nouvelle découverte.

Ma loyauté envers le Seigneur Ethann est sans faille. Je m’empresse de revenir à sire Kenthan, que j’ai laissé seul devant la tour des Mages.

Je le vois auprès de Cemra, je le relai.

  • Sire Kenthan, je vais prendre Cemra et le déposer à l’isolement au fortin.
  • Bien, je vous accompagne jusqu’à l’entrée.

Je prenais Cemra dans mes bras, afin de le porter jusqu’au reposoir. Kenthan a mes cotés, nous partions vers le fortin. Je gardais le silence, mais cette boule qui me nouait à la gorge et qui retenait mes larmes finissait par être étouffante.

Alors que Kenthan me laissait seul entrer dans le fort, je ne pu m’empecher de laisser ma tristesse s’exprimer:

  • Cemra, mon pauvre Cemra, qu’est ce qu’ils t’ont fait…

Je descendais les marches menant au reposoir. Une pièce sombre et froide, creusée dans le sol, aux fondations du fortin.

J’y déposais Cemra. Mes inspirations, nouées de larmes, laissaient entendre ma complainte.
Encore une âme bien trop jeune pour quitter ce monde. Mais pourquoi était je si affecté par sa disparition ? Je sentais poindre en moi des larmes nouvelles.

Alors que je regardais cet homme inerte devant moi, je lui faisais le serment d’honorer sa mémoire.

  • Je t’emmènerai Cemra, je t’emmènerai sur la colline d’Andhoral, où tu reposeras pour toujours. Je sais que c’est là que ton âme attends que ton corps repose. Je le ferais pour toi. Parce que moi aussi

Je ne terminais pas ma phrase, chargée d’un sens qui me dépassait totalement et que je ne connaissais pas, me concernant.

Je remontais et sortait du fortin, où je retrouvais Kenthan, en état de choc.

  • Le sang, le sang sire Rewan ! J’en ai partout !
  • Nous laverons vos vêtements, ne vous inquiétez pas. Et je compris soudain que Kenthan faisait allusion au poison.
  • Je travaille les fleurs pour mes encres, j’ai des micro coupures au doigts. Je dois m’isoler de suite !
  • Si vous êtes contaminés, je le suis aussi, sire Kenthan.

Je m’approchais de lui et posais mes mains sur ses épaules tremblantes

  • Nous montons dans la tour des Mages, nous isoler, le temps que Dame Eileen puisse faire les examens et détermine si nous sommes contaminés ou non. Je reste avec vous. Et quoi qu’il arrive, nous trouverons une solution. N’ayez crainte, nous trouverons une solution.

Nous repartons vers la tour des Mages. Au pied de la tour, sur le parvis, couvert de pierres, nous retirons nos vêtements, pour ne garder que nos sous vêtements. Nous faisons un tas de ces tissus souillés, sur lesquels nous essuyons nos mains couvertes de sang, et Kenthan met le feu au tas.

Nous montons ensuite au dernier étage de la tour, et restons, là, attendant de savoir si nos vies sont en danger.
Et alors que sire Kenthan fermait les yeux, épuisé de fatigue, je regardais le plafond, et je m’effondrait, en silence, pour ne pas réveiller Kenthan. Je sombrais dans une telle tristesse que j’en avais parfois le souffle coupé. Seul.