Amen0thes

Un geek ne vieillit pas, il level up ! PNJ des internets depuis 1985

Le rituel.

Le rituel qui me délivrera des ombres aura lieu prochainement.

Une épreuve que je redoute. Non pas que je doute de mon envie de retrouver la Lumière, mais je sais que ce rituel sera particulièrement dangereux pour moi, et pour ceux qui m’entoureront.

Le Commandeur Ethänn a déjà plannifié tout le déroulé du rituel.
Pour ma part, j’utiliserais mon mot de pouvoir: Bouclier pour protéger les personnes qui assureront la cérémonie. Elles ne risqueront rien.

Un mannequin sera disposé non loin de moi, sur lequel je déposerai un peu de mon sang. Les ombres s’acharneront dessus, sans risquer de blesser quiconque autour.

Il s’agira alors, une fois que les ombres seront extraites de moi, de les enfermer dans une fiole, scellée par la Lumière.

Mais je vais devoir lever les protections qui m’empêchent, depuis toutes ces années, d’être envahi par les ombres.
Elles vont donc s’attaquer à moi, et m’envahir. Ma foi, ma conviction, mon courage et mon dévouement pour l’Ordre, mon affection pour ses membres seront mis à l’épreuve, plus que jamais.
Je dois gagner ce combat.

Si les ombres venaient à m’envahir complètement, tout espoir serait perdu.

Jusqu’alors, elles sont comme une seconde peau, sur la mienne. Elles ne sont pas en moi, et c’est pour cela qu’elles ne peuvent contrôler mon esprit, ni me parler.

Elles ont bien tenté, et plus d’une fois de me parler, mais les protections les en empêchent, au point que je n’entends alors qu’un murmure, incompréhensible, une sorte d’acouphène, et cela n’a donc aucun effet sur moi.

Seulement, ce soir, elles m’ont parlé distinctement, et mes protections n’y ont rien pu faire.
Je me trouvais à l’Abbaye, entouré du Protecteur Barnubas, Sire Clovius, Demoiselle Mahé, Dame Chibi et Gabriel.

Nous parlions tranquilement, lorsque jai dit quelque chose que je n’aurais jamais dis en temps normal. Nous parlions des félons de ce groupuscule qui se fait appeler ‘les pendus’. J’ai soudain insulté ses membres de chiens, souhaitant ouvertement leur mort. Des propos qu’il me serait impossible à tenir en temps normal !

Puis, immédiatement après, un violent mal de tête m’a pris. J’ai du m’accroupir, tant la douleur était intense. Et je les ai entendues…

« Tu ne peux gagner ce combat, Rewan »

Une voix d’outre tombe, accompagné d’un écho très particulier. C’est comme si j’entendais l’écho avant que les mots ne soient prononcés, à voix basse.

La douleur s’est rapidement effacée, et lorsque j’ai relevé les yeux, tous me regardaient. J’ignore s’ils avaient entendu les ombres me parler, ou si ce n’était que dans ma tête. J’ai demandé à m’absenter quelques instants. J’étais totalement paniqué, mais ai fait de mon mieux pour ne pas le montrer.

Une fois dans l’Abbaye, j’ai vérifié mes protections. Elles étaient toutes actives.Les sortilèges sur mon armure étaient en place, les runes gravées sur ma peau faisaient leur travail. Encore sous le choc, je me suis passé de l’eau sur le visage, et ai rejoint le groupe.

Tout le monde a bien remarqué que quelque chose n’allait pas. Mais Sire Clovius s’est montré plus insistant à me regarder. C’est un Chevalier d’une grande droiture, qui ne montre que peu ses sentiments. Il m’a semblé nécessaire de lui parler.

Nous nous sommes isolé dans l’Abbaye. Mes craintes ont été rapidement dissipées. Sire Clovius m’a rappelé les qualités qu’il voyait en moi. Mais m’a également avertit de prendre toutes les dispositions pour que jamais, jamais les ombres ne prennent le dessus sur moi.

Sa haute estime de ce qui est juste, et son détachement face aux émotions m’ont convaincu qu’il serait le bras armé qui saurait me remettre dans le droit chemin, si par malheur, ces voix venaient à tenter de me détourner de mes valeurs profondes.

J’ai ployé le genou devant lui, et lui ai fait le serment de ne pas me laisser détourner de ma mission, de combattre les ombres, de ne pas céder à leurs mots vils.

En retour, je lui ai demandé de ne pas hésiter à me ramener dans le droit chemin, si par malheur je venais à en dévier, par tous les moyens possibles, sans retenue, aussi violemment que ce sera nécessaire.

Ce serment est sacré, par la Lumière, par son nom, par l’attachement que j’ai envers l’Ordre et envers Sire Clovius. Je sais que les ombres ne pourront m’envahir. Pas jusqu’au rituel, du moins. Mais leurs murmures vont s’intensifier, c’est certain. Elles connaissent mes intentions, et ne voudront jamais me quitter. Elles vont tenter de me faire douter, de me rendre méfiant, distant. Elles voudront m’isoler.

Le jour du rituel, elles vont m’envahir. C’est à ce moment que se jouera tout le sens même de ma vie.
Et je n’ai pas osé le faire ce soir, mais je vais devoir demander l’impossible à Sire Clovius. Si je ne parviens pas à garder le dessus, et que je suis perdu aux ombres, je vais demander à Sire Clovius de faire cesser immédiatement ma vie, par son arme.

Je ne veux pas envisager cela, mais c’est une solution que je dois considérer, pour le bien de tous.
Mes ombres sont déjà très puissantes. Si elles venaient à prendre le contrôle de mon esprit, je serais rapidement une menace conséquente pour l’Ordre, et je me refuse à cela.

Sire Clovius devra me tuer si je passe le point de non retour !

En prévision de la cérémonie, qui est en fait un exorcisme pur et simple, j’ai rédigé mes dernières volontés. Je les ai faites authentifier par la Banque d’Hurlevent ainsi que l’Officier Général de la ville.

J’en remettrai un exemplaire à mon Commandeur, à mon Chevalier Lige, ainsi qu’à mon ami, l’écuyer Gabriel.

Nul doute que l’incident de ce soir sera rapidement connu de tous, il me faut donc prendre mes dispositions dès à présent.

D’autant que quelques heures plus tard, les voix sont revenues, alors que je parlais avec Dame Hearks. Cette fois, les ombres ont été entendues par Dame Hearks. Elles me reprochent la mort de mes camarades, ce triste soir, en Norfendre, où les ombres sont venues à moi pour la première fois. Ces reproches sont infondés, mais ce sont des lames qui se plantent dans mon coeur. Je n’ai pas oublié, après toutes ces années…

Peut être est ce une mise à l’épreuve de la Lumière qui m’est donnée aujourd’hui. Voici un combat qui ne se fera avec aucun sortilège, aucune arme.
Ma seule arme sera ma Foi. Je la sais puissante et solidement ancrée à mon âme, depuis mon plus jeune âge. Mais j’ai le sentiment d’être devant un vieil ennemi que je connais bien, et dont, soudain, je sais si peu…